4.4.06

Samovar

J'ai eu l'idée pour mon bistrot qu'il y ait toujours du thé à volonté. Je trouve qu'en France, boire du thé au bistrot est ridiculement onéreux (et souvent pas très bon). Le sachet de Lipton yellow qu'on trempe dans une micro théière ébréchée dont le couvercle ne tient pas, et qu'on sort ensuite comme une souris morte qu'on tient par la queue, sans savoir où la mettre, le tout pour deux fois le prix du bon petit expresso, c'est une expérience courante et agaçante pour les buveurs de thé. Pourtant, un thé correct devrait pouvoir être trouvable comme un bon café, en dehors des seuls salons de thé qui par ailleurs ne sont pas des endroits que j'affectionne pour y traîner régulièrement.

Hier, je humais les parfums délicieux qui circulent dans la boutique Mariage frères, rue du Bourg-Tibourg, en cherchant de la vanille pour Marie qui n'en trouve pas à Chicago. Je suis tombée en arrêt devant leur collection de samovars.

Et voilà: l'idée est là. Sur le comptoir, il y aura un gros samovar maintenu au chaud avec "le thé du moment" que je changerai selon l'heure et le jour. Ceux qui voudront un thé en auront à volonté, pour le prix du café, et viendront remplir leur tasse au samovar. J'aurai même sans doute deux samovars, un avec un thé qui réveille, un peu fort, et l'autre avec un thé très peu théiné, pour ceux qui ne supportent pas bien la théine (comme moi, pour commencer, qui compte bien m'abreuver toute la journée à mon samovar!)

Dans le samovar, il n'y a jamais de thé: seulement de l'eau bouillie maintenue chaude. Les gens se versent un peu de 'zavarka', du thé très concentré, imbuvable tel quel, dans la tasse. La zavarka se trouve dans la petite théière perchée au sommet du samovar, où elle reste au chaud. Ensuite, on complète avec l'eau bouillie du samovar. On sucre, ou on met un peu de confiture, comme ça se fait en Russie (ce ne serait pas mon truc, mais il faut tout essayer!), un peu de citron ou rien du tout.

Pour boire le thé, j'imagine des petits pots chaleureux en terre cuite comme on en achète dans le quartier chinois, avenue d'Ivry. Ils font poc quand on les pose un peu fermement sur une table en bois et sont agréable à prendre en main.

Coïncidence amusante: juste au moment où le samovar du bistrot prend forme dans ma tête et que je me demande où trouver le ou les samovars parfaits, pas des samovars de touristes de décoration et inutilisables, mais de vrais samovars de belle forme, Michel apprend qu'il a été payé 100 euros pour un article publié en Russie. L'argent est en Russie et il ne peut pas le toucher en France. Pourrai-je le convaincre de faire acheter un beau samovar pour cet argent par des amis russes pour sa chérie ??? Autre manière de poser la question: que vais-je cuisiner avant de lui demander cette faveur ? Comment capter l'envie secrète et souterraine qui va le faire tomber tout cuit dans mes filets... Un bon borchtch, avec une touche de la super crème fraîche qui est vendue en vrac chez le crémier, et un peu de ciboulette dessus, peut-être...

Tout ce que je voulais savoir sur le thé russe et le samovar, je l'ai trouvé ici, en anglais. Il s'agit du site d'un hacker russe, apparemment situé en Hongrie, fan de thé russe. Il explique ce qui fait qu'un thé est russe (c'est pas ce qu'on croit) et comment l'obtenir. C'est un féru de chimie et de physique, alors en plus d'être sympa et marrant, c'est passionnant et scientifique.
Cette photo bizarre, c'est un samovar de train russe. Sur les grandes lignes, il semble qu'il y en ait un dans chaque wagon: voyez le commentaire de Malice la voyageuse.

4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

ah le samovar! Ca me rappelle le voyage en train Moscou / Saratov et le samovar au fond du wagon ... on demandait à la dame du wagon une tasse, une tranche citron et hop, l'eau du samovar... on retourne dans sa cabine et on regarde défiler lentement le paysage.. un pure bonheur !

mardi, 04 avril, 2006  
Blogger Christine said...

Quelle évocation inspirante, Malice... 850 km, je vois dans le Robert, entre Moscou et Saratov. Tu as eu le temps de boire beaucoup de petites tasses de thé. J'ai cherché une image de samovar de train russe pour me faire une idée de ce que tu décris. Je l'ai mise à la fin de mon post. J'imagine qu'il fallait fournir le thé?

mardi, 04 avril, 2006  
Anonymous Anonyme said...

Ma chère Christine,

Si, si, je trouve de la vanille à Chicago, c'est juste que je rechigne a payer 4,50$ (+ les taxes) pour une malheureuse gousse.
J'ai beau savoir que la vanille, c'est cher, là, je trouve qu'il y a de l'abus.

À part ça, une autre photo de samovar dans le Transiberien, meilleure (et avec sa version en grand format, ou on voit donc beaucoup mieux) se trouve sur un blog que je ne connais pas :
http://hewasthin.blogspot.com/

Cette évocation me rappelle un de mes livres illustrés préférés, quand j'étais petite : Paris-Pékin par le Transibérien, ouvrage épuisé depuis plusieurs années et néanmoins digne d'être réimprimé.

Bonne semaine malgré les remous politiques, syndicalistes et autres qui font votre quotidien dernièrement.
Un beso
Marie

mercredi, 05 avril, 2006  
Anonymous Damien said...

Belle évocation... Pour continuer le voyage chez vous, on trouve des samovars électriques pas *trop* chers (même si ça monte vite) en ligne :
Samovar électrique

lundi, 20 février, 2012  

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