19.6.06

Une cérémonie du thé au bistrot


On m'explique que ce thé vert est fumé dans des batons de bambou à Kômèn, un village de la province de Phongsaly, entre Chine et Viêtnam, au Laos, à 1400 mètres d'altitude. Il y pousse des théiers plantés par les familles qui l'ont fondé, voilà sans doute 300 ans, après de longues pérégrinations au cours desquelles ces théiers les ont suivis. La forêt alentour est d'une rare beauté. Les théiers ne sont pas taillés. Les centenaires dépassent parfois six mètres de hauteur.

Ce thé de Kômèn a été préparé pour la 'Fleur de Badiane'. Cette fleur est une boutique amie, une rareté elle aussi, chaleureuse comme ce thé, à découvrir au 43, rue Servan dans le 11ème arrondissement de Paris.

Boire ce thé au parfum à la fois simple et précieux, fort, doux et fumé, comme les notes de fond d'un cacao puissant, c'est réinventer la cérémonie du thé. Même lorsqu'on ne connaît pas les règles qui la fixent, et même si ce n'est pas avec celui-là qu'elle se pratique. Peu importe. Choisir le bol qu'il lui faut, un bol fort comme lui, simple aussi. S'arrêter, regarder, penser à ses gestes. Humer. Se tenir droite, sans raideur, être juste là, partager ce moment.

Voici, en ce début de semaine (lourd, toujours un peu, n'est-ce pas?), quelques vers qui me touchent.


Lors de la cérémonie, ressentez
ce que vous manipulez
le léger comme s'il était lourd et le lourd
comme s'il était léger


Ils sont de Sen no Rikyu (1522-1591), un maître du thé. Je les tire de "Poèmes du thé", un petit recueil de vers choisis et traduits par Bertrand Petit, illustrés par Keiko Yokoyama. Éditions Alternatives, 2005.



5 Comments:

Blogger lili said...

bravo pour ce très joli post, en grande fanatique du thé que je suis, ça me touche forcément!
et merci pour ton commentaire sur mon blog.
j'ai découvert le tien ce matin, coincidence, et j'ai été intrigué par "le campanier"...ça m'interesse beaucoup comme concept, et je leur ai envoyé un mail pr savoir comment adhérer.
encore bravo
liliravioli

lundi, 19 juin, 2006  
Blogger Christine said...

Chouette, je suis contente d'avoir contribué à t'attirer vers le Campanier! C'est un système qui a l'avantage d'être souple, plus que les AMAP. Si je pouvais, je préférerais adhérer à une AMAP, dont j'admire beaucoup le fonctionnement. L'engagement pour un an ne me convient pas pour le moment. Je te laisse faire ton enquête sur ces différents moyens de faire venir une campagne bio à la ville, et trouver ce qui colle le plus à ta cuisine, ton porte-feuille et tes goûts.

lundi, 19 juin, 2006  
Blogger Alhya said...

tu me donnes envie d'en connaître plus, je ne suis pas très calée sur la cérémonie du thé, et je sens qu'il y a matière à compléter un peu ma faible culture en la matière, merci!

lundi, 19 juin, 2006  
Blogger Gracianne said...

Très joli billet Christine, merci pour cette adresse. J'aime beaucoup les thés verts fumés, sans cérémonie aucune, ceux du Yunnan et le Oolong Cha. A Taiwan, on le buvait infusé dans de petites théières de terre cuite, dans des toutes petites tasses comme des tasses à café. C'était du condensé d'amertume, très fort, presque noir, très étrange à nos palais occidentaux.

lundi, 19 juin, 2006  
Anonymous Anonyme said...

Marrant, on me dit cérémonie du thé et tout de suite, je pense thé mauritanien préparé si cérémonieusement... Et dans ce monde universellement poétique du thé, j'évolue avec une bouilloire électrique, honteuse je suis!

mercredi, 28 juin, 2006  

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